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DES ŒUVRES DE MONTESQUIEU.

Nous ne le suivrons pas dans sa course, relativement rapide, à travers l’Ombrie, les Marches et la Romagne, les duchés de Modène et de Parme et le Mantouan. En vingt et quelques jours, il se rendit à Vérone, qu’il revit ainsi au bout de dix mois. De tous les détails qu’il donne sur les villes ou il s’arrêta, nous n’en relèverons que deux. A Bologne, il admira l’Institut de cette ville, tant pour la richesse des collections que pour le zèle des professeurs. A Modène, il vit le duc régnant et son bibliothécaire, le savant Muratori, « un habile homme », plus connu aujourd’hui que son maître Renaud d’Este.

Maintenant, ce n était plus Rome, c’était l’Italie elle-même dont il fallait se séparer ! Notre voyageur en franchit la frontière dans la nuit du 29 au 30 juillet. Mais il emportait, dans l’esprit et dans le cœur, les plus précieux souvenirs de la Péninsule, qu’il parcourait depuis près d’un an.

C’est par le Tyrol, et non par la Suisse (comme le disent ses biographes’), qu’il pénétra en Allemagne. Le spectacle des Alpes lui fit une impression pénible plutôt qu’agréable. « On ne voit jamais, écrit-il, qu’un petit morceau du Ciel, et on est au désespoir de voir cela durer si longtemps. » Il est vrai qu’il mit quatre à cinq jours pour aller de Vérone à Munich. Ajoutez qu’il souffrit du froid dans la montagne, malgré la saison, et bien qu’il eût mis ses habits d’hiver.

A Munich, il fut reçu par l’électeur de Bavière. Pendant une douzaine de jours, il étudia la cour de ce prince, ses ressources et ses inclinations politiques. La France pouvait-elle encore compter sur un allié

1. Histoire de Montesquieu, par L. Vian, p. 401.