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ployés civils ou les officiers de l’armée qui avaient la connaissance la plus approfondie de l’Inde, sur la possibilité de cette abolition, ensuite sur les moyens de son exécution ; l’avis général fut de tenter immédiatement cette noble entreprise. On agita ensuite s’il fallait la tenter par une voie détournée, c’est-à-dire s’opposer à ces sacrifices tantôt d’une façon, tantôt d’une autre, jusqu’à ce qu’ils fussent tombés en désuétude, ou bien les proscrire ouvertement ; ce dernier parti fut adopté. « Nous sommes décidément de l’avis, dit en propres termes le conseil, d’une prohibition ouverte, générale, absolue, appuyée d’un côté sur la moralité de l’acte, de l’autre sur notre pouvoir pour mettre la mesure en exécution. » La surprise et le mécontentement furent d’abord généraux dans l’Inde : jamais acte du gouvernement anglais n’avait attaqué aussi directement les coutumes antiques et les croyances religieuses. Dans ta seule année 1815, 310 femmes avaient accompli ce grand sacrifice. D’innombrables pétitions au nom d’Indous de toutes les castes protestèrent contre la nouvelle mesure ; les suttee leur étaient chères en raison de leur antiquité et de leur liaison avec leurs croyances. Lord William ne se laissa pas émouvoir ; il ne dédaigna pas d’avoir recours au raisonnement pour justifier sa résolution, mais parut inébranlable à la maintenir. À cette occasion, lord William écrivait ces belles paroles, où respirent les nobles sentiments qui l’animaient à l’égard des innombrables