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la mêlée une balle dans le sein, et tomba dans les mains de quelques Anglais. L’ayant reconnue, ils s’empressèrent de la transporter en arrière, à quelque distance du champ de bataille pour la faire panser ; ces soins furent inutiles, elle rendit peu après le dernier soupir. Revêtue d’une tunique de velours, la tête couverte d’une espèce de casque, elle paraissait, dit-on, d’une admirable beauté. On vit de vieux soldats pleurer la mort prématurée qu’ils avaient donnée à cette belle et jeune créature.

Cependant, pendant que cela se passait dans l’intérieur de la palissade, la colonne de sir Archibald Campbell gagnait promptement les derrières de la position. Elle rencontra les fuyards, frappés de terreur et s’efforçant de traverser la rivière Nawine ; l’artillerie à cheval fut aussitôt mise en batterie, et ouvrit un feu très vif sur le gué où se pressait la foule. Là encore se trouvait une des trois magiciennes, montée sur un cheval noir, qui la rendait facile à reconnaître ; on la voyait s’efforcer de rétablir quelque ordre parmi les siens. Mais au milieu du gué, sur le point d’atteindre la rive opposée, elle fut renversée par un éclat d’obus qui l’atteignit à la tête ; les Anglais l’aperçurent chanceler et tomber. À cette vue, les soldats qui l’entouraient oubliant leur propre danger, se hâtèrent de l’enlever ; ils l’emportèrent du champ de bataille, ou morte ou seulement blessée. L’aile gauche des Birmans, dès ce moment complétement défaite,