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il faisait un feu continuel sur les baraques des Anglais. Il saluait d’une douzaine de coups de fusil toute tête qui osait se montrer sur les remparts. Du côté de Rangoon, il s’était approché d’assez près pour lancer de temps à autre quelques boulets sur la ville, tout en soutenant une guerre continuelle avec deux petits postes plus rapprochés. De l’autre côté de la rivière, il maintenait jour et nuit un feu très vif sur les vaisseaux anglais mouillés près de Rangoon ; deux des vaisseaux qui se tenaient au milieu de la rivière se trouvaient seuls à même de leur riposter. La garnison de Kemundine ne jouit jamais de deux heures de repos ; quoique épuisée de fatigue, elle n’en continua pas moins de repousser avec une admirable énergie de continuelles attaques. Les Cipayes s’y firent surtout remarquer par une abnégation d’eux-mêmes, une constance dans le danger, qui dépassent toute expression ; ils ne quittaient leurs armes ni jour ni nuit, se contentant pendant plusieurs jours de quelques grains de riz sec pour toute nourriture. Sur la rivière, la difficulté du mouillage, l’approche des brûlots, rendaient quelquefois la position des vaisseaux anglais fort critique ; le courage et le sang-froid des matelots triomphèrent de ces obstacles. Ces circonstances n’en décidèrent pas moins sir Archibald à prendre une vigoureuse offensive.

L’ennemi, ayant transporté hors des jungles les munitions et le matériel de son aile gauche, les