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de l’armée mahratte avait opéré sa retraite en passant la rivière par un gué un peu en arrière du camp ennemi. Sir John passa ce même gué et se mit à sa poursuite ; mais le passage de la rivière avait pris du temps, et il ne put atteindre les fuyards. Pendant ce temps, l’armée anglaise prit position sur le lieu même qu’avait occupé l’ennemi, mais faisant face au côte opposé. Elle passa la nuit sous les armes. La perte des Mahrattes fut évaluée à 3,000 hommes, tant tués que blessés ; celle des Anglais à 778 hommes : elle pouvait l’être beaucoup davantage. C’était, en effet, une manœuvre singulièrement hardie que de traverser la rivière en présence d’un ennemi fortement retranché, appuyé d’une nombreuse artillerie, sans s’être mis en mesuré de faire quelque diversion au moyen d’un corps d’armée qui aurait passé au-dessus ou au-dessous. Il ne l’était pas moins d’attaquer la position de cet ennemi sur toute l’étendue de son front, sans le menacer par l’un de ses flancs.

Sir Thomas Hislop s’en était fié à la supériorité d’organisation des Européens ; et, de fait, elle leur donnait presque nécessairement la victoire dès qu’ils abordaient l’ennemi. Les circonstances les plus défavorables pour eux ne pouvaient guère empêcher ce résultat. Le caractère anglais, admirable pour braver le danger, activement ou passivement, se prêtait peu d’ailleurs aux manœuvres, aux ruses, je dirais volontiers, aux subtilités de la guerre. Lord Lake, qui laissa une si grande réputation dans