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temps encore à Visir-Mahomet en lui portant des vivres par une route inconnue de l’ennemi ; mais ce dernier la fit plus tard occuper ; et alors le blocus se resserra de plus en plus, les progrès des assiégeants étaient d’ailleurs fort lents. Leurs artillerie, pour ménager ses munitions, ne tirait guère, à moins de circonstances extraordinaires, qu’une quarantaine de coups par jour. Plusieurs assauts demeurèrent sans résultat ; toutefois, dans l’un d’eux, les assiégeants pénétrèrent dans l’intérieur de la ville, dont ils se seraient emparés sans les femmes ; celles-ci montèrent sur les toits de leurs maisons, et les assaillirent d’une telle grêle de pierres et de briques, qu’ils se trouvèrent obligés de battre en retraite. Cependant la situation des défenseurs de Bhopal ne tarda pas à empirer de jour en jour. La faim, à défaut du feu de l’ennemi éclaircissait leurs rangs. De 6,000 qu’ils étaient d’abord, ils se trouvèrent bientôt réduits à quelques centaines. Les moins à plaindre étaient les mahométans, car ils ne se faisaient pas scrupule de dévorer toutes sortes de charognes ; mais pour apaiser les tortures de la faim les Indous se trouvaient réduits à avaler des morceaux de tamarin broyés et mêlés à des feuilles d’arbres. Bientôt l’herbe et les plantes commencèrent elles-mêmes à manquer. Animés par les exhortations et surtout par l’exemple du Visir-Mahomet, les assiégés supportaient avec résignation ces extrémités : ils repoussèrent plusieurs assauts, et malgré la supé-