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darries. Différents en cela de toutes les autres armées du monde, la guerre, au lieu de les décimer, les recrutait ; avaient-ils ravagé, dévasté une province, les habitants se trouvaient forcés par la misère de venir se joindre à eux, de grossir leurs rangs : aussi par leur nature même étaient-ils comme insaisissables, échappaient-ils à toute attaque sérieuse. En réunissant toutes ses forces, un prince parvenait-il à les écraser sur un point, ils se réunissaient à l’instant sur dix autres. Décidés à une expédition, ils se choisissaient un certain nombre de chefs, d’après la connaissance montrée par ceux-ci du pays qu’il s’agissait de piller. Ils ne s’embarrassaient ni de tentes ni de bagages ; chaque cavalier portait quelques gâteaux de riz pour sa subsistance, un peu de grain pour celle de son cheval. Ce détachement, ordinairement de 2 ou 3,000 bons chevaux, était suivi par un second détachement de force égale. Faisant quarante à cinquante milles par jour, ils se dirigeaient sur l’endroit de leur destination ; arrivés, ils faisaient main-basse sur tout ce qui se présentait, rassemblaient en toute hâte tout ce qu’ils pouvaient de bétail et de butin, détruisaient tout ce qui n’était pas transportable, puis en toute hâte regagnaient leur retraite. La rapidité et le secret de ces excursions en faisaient ordinairement le succès ; tout était fini avant qu’aucune mesure pût être prise contre eux. Poursuivis, ils faisaient des marches d’une extraordinaire longueur, par exem-