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même ne pouvait se dissimuler. La plupart de ses principaux officiers se virent contraints de fuir sa violence. Balaram-Seit, employé souvent jadis par lui auprès du gouvernement anglais, avait été élevé à l’office de dewan. Jeswunt-Row lui communiquait quelquefois ses craintes sur l’état de sa raison ; il lui disait : « Ce que je dis dans un moment, je l’oublie le moment d’après. Donne-moi un remède à cela. » D’innombrables arrêts de mort sortirent alors de sa bouche ; heureusement qu’un seul, deux peut-être, furent exécutés ; tous les autres furent éludés par l’adresse ingénieuse du ministre qui, tremblant pour se propre vie, n’en était pas moins occupé à sauver celle des autres. À cette époque il ne se présentait devant son maître qu’en tremblant ; Jeswunt-Row lui disait alors : « Eh bien ! qu’y a-t-il ? Vous paraissez agité ! qu’avez-vous ? qu’avez-vous, Balaram-Seit ? — Un peu de fièvre, » était la réponse ordinaire. Toutefois, malgré ces angoisses de la chair, Balaram-Seit ne déserta pas son poste, lorsque d’autres, renommés par leur courage, avaient abandonné le leur ; cependant les choses ne pouvaient aller long-temps de la sorte, et il le comprenait. Un jour, ou plutôt une nuit, toutes les femmes du palais se précipitent hors de leur appartement en grand désordre, elles s’écrient que Jeswunt-Row veut les tuer. Gungaram-Kottarie, officier chargé de la garde du palais, après les avoir conduites dans un lieu de sûreté, entre dans les appartements intérieurs. Il envoie quérir Balaram-