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n’avait jamais éprouvé aucun sentiment humain, fut touché ou du moins étonné du nombre de fois et des façons presque miraculeuses dont Toën avait échappé à la mort ; la superstition, à défaut de pitié, servit ce dernier dans son esprit. Il crut que pour avoir été sauvé si souvent, Thomas devait être grandement favorisé du ciel. Il le confia, en conséquence, aux soins d’un des chefs de Candy ; avec injonction de ne le laisser manquer de rien ; il lui fit en outre don d’une maison qui fut sa demeure jusqu’à l’arrivée des Anglais. Depuis lors, loin d’avoir à se plaindre du roi ; il n’en reçut que de bons traitements, que des marques de sa libéralité. Mais les barbaries sans nombre dont il était témoin, les affreux supplices qu’il voyait infliger sur les plus légers prétextes, le mettaient dans un état constant d’alarme et d’anxiété. Une femme qui avait été découverte chargée d’un message de lui pour le major Davie fut immédiatement mise à mort. Une seule consolation était réservée à ce malheureux pendant cette longue solitude : quelques pages d’une Bible anglaise que le hasard fit tomber entre ses mains.

Le jour même de la prise de Candy, le major Kelly s’empara aussi de quelques unes des femmes de la famille du roi et d’un trésor considérable. Quant au roi, on le savait errant çà et là dans le voisinage, et on le cherchait. Des amis de Eheilapola ne tardèrent pas à découvrir sa retraite. Ils entourèrent une maison où il se cachait avec deux