Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ropéens ; son teint jaune, ses yeux hagards ; sa barbe, longue et blanchie, descendait jusque sur le milieu de la poitrine. On se presse autour de lui, on l’interroge, et bientôt on reconnaît en lui un certain Thomas Toën, ayant fait partie de l’expédition anglaise qui marcha sur Candy en 1803, et qui fut laissé au nombre des 150 malades ou blessés qui furent abandonnés à l’hôpital lors de la reddition de la ville à l’ennemi. Lors du massacre des malades que nous avons raconté, un des barbares, après avoir arraché l’appareil de ses blessures, l’abattit d’un coup de crosse de mousquet et le crut mort. Revenu à lui après un long évanouissement, Thomas recouvra assez de forces pour se traîner jusque sur le bord d’un réservoir d’eau. Des soldats l’ayant découvert le lendemain dans cet asile, le pendirent à un arbre et s’éloignèrent sans plus s’inquiéter de lui. Après leur départ la corde rompit, ce qui ne lui profita guère, car d’autres soldats le pendirent de nouveau. Mais la corde ayant encore cassé, il parvint cette fois à se traîner sur les pieds et sur les mains à une petite distance de l’arbre fatal, puis à se cacher dans une butte abandonnée : là, pendant dix jours entiers, il n’eut pour toute nourriture qu’un peu d’herbe croissant auprès de la porte, qu’un peu d’eau suintant à travers la toiture et les murailles. S’étant alors éloigné de quelques pas pour chercher des racines, il fut aperçu par un vieux ceylanais ; celui-ci, touché de compassion, lui apporta un plat de riz. Le roi, qui