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lière ; les murailles sont ornées de symboles de la religion brahmanique, où le lingam joue le rôle principal. Tout à l’entour se déroule sous l’œil attristé un immense désert de sable, à l’extrémité duquel la mer vient se briser avec un gémissement monotone. Au loin, la plaine est blanchie d’une innombrable quantité de squelettes gisant çà et là ; toutes les routes qui vont y aboutir, à cinquante milles de distance, sont pavées d’ossements humains. Un million de pèlerins, partis de toutes les parties de l’Inde, même les plus éloignées, arrivent annuellement à la pagode. Les uns viennent y faire des expiations, accomplir certains vœux qu’ils ont prononcés pour échapper au péril ; d’autres ont pour but unique d’adorer le temple, persuadés qu’ils doivent puiser la perfection dans la contemplation de l’idole et de son temple. D’autres, assurés que la mort en vue du temple de Jagernaut est le gage assuré d’une immortelle félicité, viennent s’y détruire de leurs propres mains, ou bien attendre dans le voisinage le dernier moment de leur vie. Dans les grands jours, l’idole sort du temple au milieu d’une foule immense qui se presse pour la contempler. Alors c’est à qui s’attellera au char sacré ; quelques uns se font écraser sous les roues, persuadés que ce seul attouchement suffit pour leur donner une immortalité de bonheur. Les expiations diverses auxquelles se livrent les dévots, le genre de pénitence ou de tortures qu’ils s’imposent, sont des plus étranges. Les