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nombre ; Nalapanee, toute remplie de cadavres mutilés, de lambeaux de chair épars, offrit un spectacle affreux à ses conquérants. Un petit nombre de blessés se traînaient çà et là, consumés par une soif intolérable. 90 cadavres furent recueillis et brûlés, les blessés envoyés à l’hôpital, le fort rasé jusque dans ses fondements.

Après la chute de Nalapanee, Umur-Singh, le commandant de Goorkhas, celui qui jouissait parmi eux de la plus haute réputation, fut consulté par la cour de Katmandoo sur l’opportunité de la paix. La cour consentait à acheter cette paix par l’abandon de Dehra-Doon des montagnes à l’ouest de la Jumna, de plus par celui des terres contestées de Saran et de Gouruckpoor. Umur-Singh était opposé à toute cession de territoire. Les négociations qu’il ouvrit avec Ochterlony laissèrent bientôt voir que son seul but était de découvrir l’étendue et la nature des prétentions des Anglais, soit pour le moment, soit pour l’avenir. Ceux-ci demandaient, avant tout, la cession d’une partie considérable des districts montagneux, à peine l’eût-il entendu ou deviné, qu’il répondit fièrement : « Depuis la Suttlège jusqu’à la Teesta, les Goorkhas disputeront chaque pouce de montagnes. S’ils sont chassés de là, ils se retireront sur la frontière de la Chine. » Il ajouta : « Cette contrée n’est ni riche ni peuplée comme le Bengale ou l’Indostan mais elle contient des hommes dont aucun, tant que l’âme leur tient au corps, ne voudrait se soumettre