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À la lueur des torches, Gillespie reconnut soigneusement toutes les avenues du palais. À l’exception d’une seule, il ferma et barricada toutes les entrées ; toutefois, à peine ces précautions pouvaient-elles paraître suffisantes à écarter des inquiétudes trop bien fondées. Mais à minuit des cris de bon augure se firent entendre : ils annonçaient l’arrivée d’un détachement du 89e régiment, montant à 60 hommes. Le palais était compris dans l’enceinte d’un fort ou citadelle garni de 110 pièces de canon ; par cette action hardie, le colonel Gillespie s’en empara sans perdre un seul homme. Le nombre des Anglais, si peu considérable, avait été grossi par l’imagination populaire. D’ailleurs la rapidité des mouvements de Gillespie, la dispersion des soldats du sultan, la terreur panique dont elle frappa la population, enfin le succès qui d’ordinaire accompagne l’audace, toutes ces circonstances concoururent à faire réussir l’entreprise. Les mesures les plus promptes et les plus décisives furent aussitôt prises pour rétablir l’ordre et la tranquillité. Les habitants reprirent confiance ; une partie de ceux qui s’étaient sauvés dans les bois revinrent peu à peu dans leurs maisons ; bientôt même la masse du peuple laissa percer sa satisfaction d’être délivré de la domination du sultan. Le fils aîné de ce prince, Pangarang-Battoo, était en outre l’objet de la haine universelle ; c’était lui dont le libertinage avait amené le dernier massacre des Hollandais.