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lui de suspendre l’exécution des nouveaux ordres. À l’instant même le mécontentement s’apaisa et tout indice de révolte disparut.

Le général Cradock voulait faire exécuter par détachements aux différentes divisions de l’armée les Cipayes condamnés à mort par le conseil de guerre. Le conseil de Madras se refusa à sanctionner cette mesure ; il alléguait, avec toute raison, que ce serait témoigner une défiance injurieuse à la majorité des troupes indigènes, Cradock demandait encore la radiation des régiments coupables des états de l’armée ; cette mesure, approuvée par le conseil, fut annulée par le vote décisif de lord William Bentinck. On en référa au gouvernement du Bengale, qui prononça dans le sens de la majorité ; la radiation fut donc exécutée. Deux officiers fort distingués furent alors chargés d’apprécier, avant leur mise en jugement, le degré de culpabilité respective des prisonniers. Mais on vit bientôt que le même sentiment les avait poussés à la révolte tous à la fois ; d’ailleurs, faute de témoins, aucun de ces hommes n’aurait pu être condamné par une cour martiale. Il fallut donc abandonner encore ce projet de les mettre en jugement. Le général Cradock sollicita du gouvernement du Bengale leur bannissement ; celui-ci penchait pour une amnistie. Lord William Bentinck était d’avis d’un emprisonnement temporaire qui permît d’agir suivant les circonstances ; avis adopté par le conseil et qui finit par prévaloir au près du gouvernement suprême.