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sorte d’insensibilité générale. Vers le soir, se ranimant quelque peu, il se faisait habiller, écoutait la lecture des dépêches, et donnait des instructions sur les réponses à faire. On dit que, malgré cette lutte avec la maladie, son esprit ne laissait pas que de montrer de temps à autre quelques lueurs de sa vigueur première. Après avoir ainsi langui pendant un mois et quelques jours, il expira, le 5 octobre, avec le même calme qu’il avait vécu. Suivant ses intentions, il fut enterré à Gazeepore : « Que l’arbre demeure là où il tombera, » avait-il dit. La mort de lord Cornwallis affligea profondément ses amis, et tous ceux qui l’approchèrent ; mais il s’en faut qu’elle fût un malheur public. Le système de concessions dans lequel il était engagé ne pouvait réussir, et, s’il eût réussi, aurait été fatal à la puissance anglaise. On peut dire cependant, au grand honneur de lord Cornwallis, que les hautes et nobles qualités de son caractère atténuaient, autant que faire se pouvait, ce qu’il y avait de faux et d’erroné dans ses dernières vues. Deux seuls membres du conseil civil se trouvaient en ce moment à Calcutta ; comme le plus ancien, sir Georges Barlow prit provisoirement les rênes du gouvernement. Il partageait les vues de son prédécesseur, et montra tout d’abord la résolution de continuer le même système, c’est-à-dire d’abandonner toute alliance avec les petits princes de l’Inde, et de renoncer à toute prétention sur les territoires à l’ouest de la Jumna. Il écrivait à lord Lake : « Cette