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en mettent leurs terres en vente. Les zemindars, obligés d’avoir recours à la mesure de l’expropriation pour les ryots, subissaient, au contraire, les lenteurs et la complication de la procédure ordinaire. Or, en raison de ces formes, les décisions des cours étaient d’une excessive lenteur ; en moins de deux années, l’accumulation des causes arriérées menaça d’arrêter le cours de la justice. Dans un seul district, celui de Burdwan, le nombre de procès pendants devant les juges ne s’élevait pas à moins de trente mille. En comparant ce nombre de procès à celui jugé par la cour dans un temps donné, il devint évident qu’aucun espoir de jugement ne restait aux derniers venus, eussent-ils vécu un siècle. Ce n’était rien moins que l’abolition de fait de toute dette vis-à-vis des zemindars ; on comprend combien les effets de ce système durent être terribles, Le collecteur de Midnapore, dans une réponse à une enquête du gouvernement, disait en 1802 : « Tous les zemindars avec lesquels j’ai eu quelques rapports soit dans ce district, soit dans quelque autre, sont unanimes dans leur manière de voir par rapport aux règlements maintenant en vigueur pour la collection des revenus publics. Ils disent tous qu’aucun système n’avait jamais été à ce point oppressif et destructeur ; que la coutume ancienne de les emprisonner pour arrérages de revenus était en comparaison toute pleine de douceur et d’indulgence ; que, bien que ç’ait été sans aucun doute l’intention du gouvernement de leur être favorable en