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sédait au-delà des ghauts dans le Carnatique ; 4° enfin de soustraire à sa domination les naïrs du Malabar. Ce dernier article, inspiré par l’humanité, plutôt que par aucune considération politique, avait pour but de mettre un terme à la conduite sanguinaire dont Tippoo était accusé de se rendre coupable à l’égard de ces chefs. Une triple alliance entre les trois grands pouvoirs de la péninsule se trouva ainsi constituée tout-à-coup contre le royaume de Mysore. Le nizam et les Mahrattes obéissaient au ressentiment qu’ils nourrissaient depuis long-temps contre Tippoo et son père. Ils espéraient se délivrer, à l’aide de l’alliance des Anglais, de l’appréhension, de la terreur constante où son ambition les faisait vivre. Les Anglais, après tant de guerres offensives, cédaient cette fois à la nécessité de la défense ; nous avons dit avec quelle répugnance. Tels étaient les ressorts moraux de cette grande alliance, qui fut une époque nouvelle dans l’histoire politique de l’Inde.

Pour attaquer Tippoo le moment était favorable ; il était alors très occupé de tenir tête à la rébellion des naïrs du Malabar. On pouvait croire que ces chefs joindraient leurs troupes à une armée envahissante. Mais les Anglais n’étaient nullement en mesure d’opérer sur-le-champ cette invasion. L’année 1790 trouvait la présidence de Madras aussi peu préparée à la guerre qu’elle l’avait été une dizaine d’années auparavant. L’armée avait été considérablement augmentée, sans gagner beaucoup en