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rifié par l’infortune, illuminé par la Providence. »

C’est comme le dernier soupir de la dynastie du grand Mogol que nous venons d’entendre. La descendance du grand Timour devait s’éteindre sur le trône en la personne du vieillard aveugle dont la douloureuse complainte vient de retentir. Le théâtre même de cette triste scène, la fameuse Delhi, n’avait pas subi de moins étranges vicissitudes que cette célèbre dynastie d’où sortirent ses fondateurs. L’histoire de cette ville, depuis sa fondation, sept cents ans avant l’ère chrétienne, jusqu’à ce moment où Shah-Jehan fonda la nouvelle Delhi, est pleine de malheureuses et terribles catastrophes. Aucune autre ville de l’Inde ne surpassa jamais cette ancienne cité en magnificence et en splendeur. L’ancienne Delhi occupait vingt milles de circonférence, renfermait dans son sein deux millions d’âmes ; de nombreuses ruines jonchant toute la plaine voisine, sur une grande étendue de terrain, portent un témoignage incontestable de cette magnificence passée. La cité moderne, la cité mogole fondée par Shah-Jehan, présente, de son côté, d’autres indices d’une magnificence non moins surprenante. L’ancienne Delhi ayant été ruinée, dévastée par le sort de la guerre, Shah-Jehan saisit cette occasion de suivre l’exemple de son propre père, qui avait relevé Lahore, de son grand-père Akbar, qui avait rebâti Agra. Il forma le projet de rappeler l’ancienne capitale de l’Indostan à un degré de splendeur supérieur à celui dont elle eût jamais brillé.