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toutes les industries des grandes villes ; avec une multitude de marchands européens, indous, mogols, étrangers, étalant à l’envi les objets de leur commerce. Ici d’humbles boutiques où se vend le riz bouilli ou grillé ; là, de riches restaurants, ou sont étalés les viandes, les légumes, les fruits les plus rares ; ailleurs encore, des boutiques de changeurs où vont aboutir toutes les monnaies différentes en circulation dans le camp. On est pressé de jouir de la vie quand on peut la perdre le lendemain ; on prodigue l’or qui, dès le jour suivant, peut devenir la proie de l’ennemi ; c’est comme un butin qu’on s’empresse de mettre à couvert. Des draps fins, des mousselines transparentes, de riches étoffes brochées d’or et d’argent, de magnifiques cachemires, des bijoux d’or et d’argent, des pierres précieuses, même des diamants, se trouvaient là avec plus d’abondance que dans aucun autre lieu de l’Inde. Des femmes suivaient encore l’armée en grand nombre, vendant des essences, guérissant les maladies par des charmes, des enchantements ; formant des groupes de danseuses où se mêlaient diverses sortes de beautés, depuis la belle Afghane, à l’éclatante blancheur, jusqu’à la Canaresse à la couleur cuivrée. Toutes menaient une vie errante à la manière des Bohémiennes, disant la bonne fortune, chantant de vieilles chansons, au son d’un instrument d’airain dont jouait un musicien. C’étaient de belles personnes, bien faites, habiles, dit-on, a lancer des regards passionnés et languissants, à prendre