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Aly, et choisi en son honneur le tigre pour emblème. Les habitants de l’Indoustan ne font point de différence entre le tigre et le lion ; il est douteux qu’un lion se soit jamais montré sur les rives du Gange et de l’Indus.

Tippoo ne supportait qu’avec peine le repos ; il aimait passionnément la guerre. Empruntant une comparaison à son animal favori, on l’entendait dire quelquefois : « Mieux vaut vivre deux jours comme un tigre que deux cents ans comme un mouton. » Le souvenir des victoires de Hyder-Ali, celui de ses premiers succès, ne cessaient d’agir sur son imagination. Au sein de la paix profonde qui dura pendant les huit années de 1782 à 1790, ses pensées ne s’en reportaient pas moins incessamment vers la guerre. Il ne cessait de s’occuper des moyens de former de nouvelles alliances qui le missent à même d’attaquer avec avantage les possessions anglaises. Dans ce but il envoya trois ambassadeurs à Versailles ; il tenait à s’assurer des dispositions de la France et du parti que prendrait cette puissance dans le cas où la guerre viendrait à éclater dans la presqu’île. Ces trois ambassadeurs, Mahomet-Derviche-Khan, Akbar-Aly-Khan, Mahomet-Osmund-Khan, s’embarquèrent à Pondichéry le 22 juillet 1787 ; ils arrivèrent à Toulon le 9 juin de l’année suivante, et se rendirent peu après à Paris. Leur présence fut un spectacle de nature à exciter fortement la curiosité. Ils devinrent l’objet de toutes les conversations, le point de mire de tous les regards.