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dal, soutenu par une sorte d’échafaudage du même bois ; ce dernier, portant à son tour sur des piliers disposés de façon à pouvoir être immédiatement retirés, ce qui devait faire écrouler aussitôt l’édifice entier. Quatre grandes urnes de cuivre, contenant du beurre liquéfié, destiné à alimenter, à activer la combustion du bois, se trouvaient placées aux coins du bûcher. Ces dispositions faites, le cortège, en tête duquel marchaient plusieurs compagnies de soldats, se mit en route. Tantôt une musique funèbre remplissait l’air de sons lugubres, tantôt faisait place à un silence solennel, plus lugubre encore. Le roi, couvert de joyaux, vêtu de magnifiques habits, la bouche remplie de bétel, était couché dans un superbe palanquin ; à ses côtés marchaient son gourou, ses principaux officiers, ses plus proches parents, tous à pied, sans turban, puis, à quelques pas, une multitude de brahmes qui s’en tenaient respectueusement à une certaine distance ; enfin venaient les deux femmes, surchargées de broderies, de pierres précieuses, de perles et de diamants. Leurs amies, leurs favorites, se pressant à l’envi autour d’elles, célébraient à haute voix le grand sacrifice qui allait s’accomplir, récitaient des prières, montraient de la main le ciel prêt à s’ouvrir pour les deux victimes. C’est peu dire : celles-ci leur semblaient déjà en possession du paradis d’Indra ; leur apparaissaient déjà toutes brillantes d’une splendeur nouvelle, auprès de laquelle pâlissait tout éclat terrestre. À quelques