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tration avaient surchargé le Carnatique. Lord Clive installa le nouveau nabob avec d’autant plus de cérémonial, que c’était là tout ce qui restait de l’héritage de ses pères. Dans une lettre rendue publique en Angleterre, Ali-Hussein protesta contre son abdication ; tous les membres de la famille des anciens souverains l’approuvèrent hautement et ne laissèrent pas échapper une occasion de montrer leur mépris au nouveau nabob. Lassé de protestations inutiles, Ali-Hussein prit enfin le parti de se retirer dans le palais d’une de ses tantes, où, atteint d’une maladie qu’on suppose avoir été une dysenterie, il mourut le 6 avril 1802.

Un autre souverain déposé par les Anglais, le rajah de Tanjore, était mort peu de mois auparavant. Ce fut l’occasion d’une de ces lugubres et terribles cérémonies dont les Anglais demeurèrent long-temps témoins avant d’en oser tenter l’abolition. Le rajah laissait quatre femmes légitimes ; elles se disputèrent l’honneur de se brûler sur le corps de leur mari ; les brahmes, consultés, après quelques délibérations, l’adjugèrent à deux d’entre elles, reconnues pour avoir été les favorites du défunt. Toutes deux se résignèrent joyeusement à ce sort, que d’ailleurs les préjugés du pays ne leur auraient pas permis d’éviter, et l’on s’occupa en toute hâte des préparatifs de la cérémonie. D’abord on creusa une fosse carrée, peu profonde, de 12 à 15 pieds carrés sur chacun de ses côtés. Puis dans cette fosse on éleva un bûcher de bois de san-