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Musulmans), convertissez-les à la foi, afin que la religion du Prophète acquière plus de force ! » Dans le cours de la nuit et vers le matin, le serviteur de Dieu eut un songe. Il me sembla que l’armée d’Ahmedy-Sircar, après avoir traversé des forêts et des défilés, était campée dans la route. Assez près du camp, je vis une vache avec son veau ; cette vache ressemblait à un tigre à grandes raies ; elle en avait la démarche, les dents, le poil. D’ailleurs, ses jambes, dont celles de derrière manquaient, étaient de tout point celles d’une vache ; or, ces jambes de devant s’agitaient avec un mouvement extrêmement violent. Après l’avoir bien examinée, je retournai au camp, où j’ordonnai à plusieurs personnes de me suivre. Je voulais, avec l’aide de Dieu, m’approcher de cette vache qui prenait la forme d’un tigre, et de ma propre main la mettre en pièces, elle et son veau. Je fis amener et seller devant moi deux chevaux gris ; j’avais le pied à l’étrier. En ce moment, le jour parut et je m’éveillai. J’interprétai ainsi ce songe dans mon esprit : je crus que la montagne des chrétiens ressemblait à des vaches avec leurs veaux sous des formes de tigres, et qu’avec le secours de Dieu et de son saint envoyé on les réduirait avec facilité. Je me flattais que tous les chrétiens maudits seraient détruits. Les mouvements des jambes de devant, c’étaient leurs vains efforts pour résister ; le manque de jambes de derrière, la preuve qu’ils n’auraient point de secours, et que les Musulmans n’avaient rien à re-