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plus solennelle que le sultan n’était pas dans le palais. Il le supposait blessé dans le combat, et inclinait à le croire tombé auprès de la porte d’entrée. Le général Baird accompagné de quelques officiers se dirigent avec lui vers ce lieu. Les morts et les mourants s’y trouvaient amoncelés ; c’était un terrible et lugubre spectacle. Les cadavres furent successivement retirés des fossés et des glacis pour être examinés un à un ; opération difficile ; la nuit enveloppait déjà d’un voile funèbre cette grande journée. Des torches furent apportées. Après quelques instants de recherche, on découvrit le palanquin du sultan ; et au-dessous un homme dangereusement blessé, qui pourtant respirait encore. Il fut reconnu pour être Rajao-Khan, un des officiers de confiance de Tippoo, qui ne l’avait pas quitté dans cette fatale journée. Interrogé sur le sort du sultan, il désigna le lieu où celui-ci devait être tombé ; après de nouvelles recherches il y fut effectivement trouvé. L’animation du combat le disputait encore au froid de la mort ; ses yeux étaient ouverts, ses traits nullement défigurés, quoique couverts de sang, On le crut vivant pendant quelques instants. Il avait quatre grandes blessures dont trois dans le corps, et une à la tempe, celle-ci mortelle ; ses vêtements consistaient en une tunique de belle toile blanche, de larges pantalons d’indienne à fleurs, une ceinture cramoisie embrassant son corps ; à l’un de ses bras était attachée une amulette. On l’enterra avec tous les honneurs de la guerre à côté de son père ;