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tres idées que de satisfaire à ses caprices les plus dangereux ou les plus puérils, étaient seuls admis en sa présence. Intrépide devant la mort, qu’il avait si souvent bravée, il n’osait regarder face à face l’adversité ; alors la profondeur de l’abîme s’ouvrant sous ses pieds lui donnait le vertige ; au lieu de le sonder hardiment ou de le considérer d’un œil calme, il s’affaissait sur ses bords, en proie à un découragement qui ressemblait au sommeil. Seringapatam était trop forte pour être prise ; lui disaient des flatteurs, et Dieu abandonnera-t-il jamais l’un des plus illustres parmi ses élus ? Un de ses serviteurs dévoués, impatient de le voir si longtemps trompé, se hasarde pourtant à lui apprendre qu’il existe une brèche, qui bientôt sera praticable. Ce coup de tonnerre semble le réveiller de son apathie ; il se rend lui-même sur le rempart ; il examine, il contemple avec un étonnement mêlé de stupeur et d’effroi la large trouée qui traverse le rempart. Alors il secoue la tête plusieurs fois, et, sans avoir prononcé un mot, se retire à sa station habituelle derrière le cavalier. Il y demeure le reste du jour, plongé dans le plus profond silence, enseveli dans de sombres pensées ; car il comprend que son sort est maintenant fixé. Personne n’ose l’interroger ou seulement se hasarder dans son voisinage. Zélé musulman, il fait adresser des prières au dieu de Mahomet ; mais dans ce péril, il s’adresse aussi à celui des Indous, par l’intermédiaire des brahmes. Il a recours encore à