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Dès ce premier jour, elle démolit une partie des murs extérieurs de l’angle ouest de la ville, et fit quelques dommages sur un bastion situé en arrière. Le jour suivant, son feu devint plus efficace encore ; le 3 mai il fut secondé par celui d’une autre batterie également de six pièces. Le 3, la brèche parut praticable, et des préparatifs furent commencés pour donner l’assaut. La défense générale de cette face, si vivement attaquée, avait été confiée par le sultan à deux de ses lieutenants, Seyed-Dahet et Seyed-Ghoffâr ; ce dernier, officier fort capable, avait commencé sa carrière au service des Anglais. Au moyen d’une coupure ou retranchement intérieur, il eût été facile de séparer du corps de place l’angle du fort battu en brèche ; Seyed-Ghoffâr donna plusieurs fois ce conseil au sultan, toujours inutilement. Le courage de Tippoo demeurait inébranlable, mais son esprit commençait à se troubler en face de la mauvaise fortune.

Pendant la durée du siège, il passait la plus grande partie de son temps derrière un cavalier, ou à visiter les remparts ; toutefois l’état de la brèche lui fut long-temps caché. Le pouvoir absolu dont il jouissait depuis tant d’années l’avait habitué à ne vouloir, à ne pouvoir rien écouter qui lui fût désagréable, même dans ses intérêts les plus pressants. Peu à peu tous les hommes d’un caractère énergique et mâle se trouvèrent bannis de sa présence. Des jeunes gens, des femmes, des courtisans, ne vivant que pour le flatter, n’ayant d’au-