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dans l’esprit de celui-ci, et en obtint la permission de retourner à Lucknow. Peu après, certaines opérations de commerce l’amenèrent dans les environs d’Agra.

En ce moment (1784), la ranna de Gohut se trouvait vigoureusement assiégée par Madajee-Scindiah. Selon les uns, de Boigne voulut se ménager les bonnes grâces de cette princesse, et dans ce but lui communiqua par lettres un plan de défense dont l’exécution ne pouvait manquer de faire lever le siège. Cette correspondance tomba entre les mains de Madajee-Scindiah ; et frappé du talent militaire quelle révélait, il eut l’idée d’en prendre l’auteur à son service. Or, selon d’autres, la lettre n’avait fait qu’arriver de la sorte à sa véritable adresse ; de Boigne l’avait écrite à l’assiégée, afin qu’elle fût lue plus sûrement par l’assiégeant, auquel il tenait à donner une haute idée de sa capacité. Quoi qu’il en soit, il entra effectivement dès lors au service de Scindiah, qui lui confia deux bataillons à exercer, à discipliner à l’européenne, et dont il se fit apprécier de plus en plus. Le corps qu’il disciplina gagna les batailles de Lallsoèt, de Chaeksani et Agra. D’abord de huit bataillons, elles furent bientôt portées, par suite de ces résultats, à seize, enfin à vingt ; chaque bataillon consistant en 500 fantassins, 200 canonniers, quatre pièces de campagne et un obusier ; instrument tout-puissant par lequel Scindiah étendit plus tard sa domination jusque dans le voisinage de la Jumna.