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de les soutenir dans la lutte. Quelques uns de ces hardis compagnons avaient parfois suffi à tenir en échec toute la puissance britannique. C’était Lally, neveu de l’infortuné général de ce nom ; de Boigne, Perron, Raymond ; d’autres encore étaient, en un mot, chez tous ces princes, ce que fut de nos jours le général Allard auprès de Bunjet-Sing. Leur influence menaçait de devenir fort dangereuse d’un moment à l’autre. Grâce à cette influence, la moindre force européenne qui eût servi de centre, de fondement, de point de ralliement à tous les intérêts opposés aux Anglais, aurait suffi jusqu’à ces derniers temps à remettre en question leur domination tout entière. Leurs historiens sont trop unanimes sur ce point pour que ce ne soit pas la vérité. Cependant, quand on reporte les yeux sur la France, alors engagée dans sa lutte avec l’Europe, en proie à toutes les convulsions de la révolution, on comprend combien il lui était impossible de s’occuper de ces lointains intérêts, et les alarmes des Anglais paraissent alors exagérées.

Parmi les Français au service de Scindiah, le général de Boigne joua le plus grand rôle. Né Savoyard, il était passé de bonne heure au service de la France, entré dans un régiment destiné pour l’Inde. Plus tard, il servit dans une armée russe pendant une guerre contre la Turquie ; il fut fait prisonnier, amené à Constantinople, et vendu, dit-on, comme esclave. Après la guerre, s’étant échappé, il reparut à Saint-Pétersbourg, trouva moyen de se