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par ses ordres une portion de nourriture était distribuée journellement aux animaux des forêts, aux oiseaux de l’air, aux poissons des rivières. D’innombrables essaims d’oiseaux ne connaissant ni la crainte, ni la défiance, couvraient ses domaines privés.

Dans sa vie domestique, Ahalya-Bae éprouva de cruels malheurs. Nous avons raconté la mort de son fils. Elle avait une fille nommée Mutcha-Bae, dont le fils mourut à Mhysir. Celle-ci ayant perdu son mari une année après cet évènement, déclara immédiatement sa résolution de se brûler sur le cadavre du défunt. Ahalya-Bae ne négligea aucun effort pour la détourner de cette résolution ; elle s’agenouilla et se prosterna dans la poussière, la suppliant au nom du ciel de ne pas laisser une mère seule et désolée sur la terre : Mutcha-Bae demeura inébranlable dans sa résolution. « Vous êtes vieille, mère, et peu d’années verront finir votre pieuse vie. Moi je suis jeune ; mon mari et mon seul enfant s’en sont allés ; quand vous les aurez suivis, la vie me deviendra insupportable, je le sens. Mais alors j’aurai perdu pour toujours l’occasion de la terminer avec honneur. » Ahalya-Bae, sentant toute l’inutilité de ses supplications, se décida à remplir le devoir qui lui était assigné à elle-même dans cette scène terrible. Elle marcha, soutenue par deux brahmes, au premier rang de la procession funèbre ; long-temps elle eut la force de triompher de ses affreuses angoisses, elle sem-