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instants. Ayant acheté quelques petites terres aux environs de son humble héritage, qui le faisaient potail ou maire d’un village, il se fit appeler par ce titre. De là un dicton indou : « Que Madajee-Scindiah devint maître de l’empire en se faisant potail d’un village. » Cette désignation le rendit populaire. Au reste, il ne fit en cela que se montrer fidèle au caractère de sa nation, qui préfère la réalité à l’apparence du pouvoir, qui abandonne volontiers celle-ci pour jouir de la première. Aussi, sous ces apparences d’humilité, Scindiah n’en nourrissait pas moins une ambition inquiète, immense, sans repos. Favorisée d’un côté par la dissolution de l’empire mogol, de l’autre par la faiblesse des chefs de la confédération mahratte, il étendit ses conquêtes et son influence de tous les côtés à la fois, et trop loin, peut-être, pour lui donner une base durable.

Une multitude de Mahrattes étaient au service de Scindiah. Cependant, comme il fut engagé la plupart du temps dans de continuelles guerres au nord de la Nerbudda, il arriva que le nombre de ces Mahrattes ne tarda pas à devenir inférieur aux Mahométans. Mais il alla plus loin encore ; avec l’instinct du génie, il aperçut bientôt que ses hordes de Mahrattes n’étaient pas un instrument qui pût suffire à tous ses plans d’ambition. Dans la guerre, les Mahrattes ne connaissent d’autre but que le pillage, se jetaient au hasard sur une province, puis sur une autre, quand celle-là se trouvait ravagée. Sans organisation, sans discipline,