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pensée, pour mieux dire, toute la pensée de lord Cornwallis ; il espérait créer dans l’Inde un corps aristocratique qui aurait été comme une sorte d’intermédiaire entre le peuple et le gouvernement de la Compagnie. Par une circonstance unique dans l’histoire du monde, il pouvait lui donner aussi la plus solide base de toutes les aristocraties la terre, la propriété foncière. Pour la première fois peut-être depuis l’origine des âges, la propriété d’un territoire habité par des nations entières se trouvait sans maître connu, à la disposition de celui qui devait leur donner des lois. Le législateur pouvait à son gré la conserver dans la main d’un souverain, la concentrer dans celle d’un corps aristocratique, ou bien encore la briser en parcelles pour la distribuer aux cultivateurs. Les plus hardis révolutionnaires n’ont jamais pu seulement imaginer une table plus rase[1], un champ plus libre de tout obstacle à la réalisation de leurs théories les plus absolues. Parmi les différents partis à prendre lord Cornwallis se décida, comme nous l’avons dit, pour la fondation d’une aristocratie. Les zemindars de divers degrés lui parurent propres à devenir dans l’Inde ce qu’était en Angleterre la noblesse et la gentry. La cour des directeurs, dans les mêmes idées, se hâta de donner son approbation à lord Cornwallis ; aussi l’é-

  1. Au moins les Anglais le croyaient-ils fermement à cette époque.