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pas d’intervenir en leur propre nom. Dès leur ouverture, ils avaient manifesté l’intention de conclure la paix ou de continuer la guerre selon ce qui paraîtrait convenable à lord Cornwallis. Les préliminaires du traité une fois arrêtés, ce dernier donna connaissance à l’armée de la prochaine conclusion de la paix. Il ordonnait en même temps la suspension des travaux du siège. Ces nouvelles excitèrent dans l’armée un mécontentement qui ne tarda pas à éclater en plaintes et en murmures. Depuis long-temps officiers et soldats se repaissaient en imagination du riche pillage de Seringapatam. Mais un autre sentiment s’ajoutait au regret de le voir échapper. Les cruautés de Tippoo envers les prisonniers, grossies, exagérées, multipliées par la voix publique, l’avaient rendu odieux à ses ennemis. Il n’en était pas un seul qui ne le haît d’une haine personnelle, qui ne brûlât de venger sur lui des mauvais traitements exercés sur ses compatriotes ; et au moment même où ils croyaient toucher à la vengeance, voilà qu’elle leur échappait. Les officiers furent en quelque sorte obligés d’avoir recours à la violence pour arracher le soldat aux travaux de la tranchée. De son côté, Tippoo sembla vouloir justifier ou braver cette haine de ses ennemis ; les préliminaires de la paix étaient déjà arrêtés, qu’il n’en continua pas moins à faire feu pendant quelques instants encore de toute sa mousqueterie et de toute son artillerie. Par cette sorte de bravade, il voulait peut-être constater qu’il était