Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mée de Bombay, sous les ordres du général Abercromby, traversa la rivière sans que Tippoo pût l’empêcher. Il prit position au midi et commença la construction de quelques batteries d’enfilade. Dès le lendemain de la perte de ses lignes, Tippoo avait fait quelques ouvertures de paix. Parmi ceux qu’il avait retenus malgré la capitulation, se trouvait le lieutenant Chalmert ; il l’envoya vers lord Cornwallis, chargé d’une lettre contenant de nouvelles propositions de paix, qu’il affirmait n’avoir jamais cessé de désirer. Comme première preuve de ses bonnes dispositions il fit relâcher les prisonniers de Coïmbatore. En face des travaux du siège, dont les progrès devenaient de jour en jour plus rapides, le courage et l’énergie de Tippoo commençaient à ployer, et son orgueil, jusqu’alors indomptable, à fléchir. Les principaux officiers de l’armée, ceux en qui il avait le plus de confiance, n’osaient plus l’aborder. Son irritabilité naturelle s’était portée, au plus haut degré ; il redoublait de sévérité, ou, pour mieux dire, de cruauté, dans la punition des moindres délits, des fautes les plus légères ; soit qu’il cédât en cela à ses penchants, soit qu’il se plût en quelque sorte à faire abus de son propre pouvoir pour mieux se convaincre qu’il le possédait encore, bien qu’il le sentît tout près de lui échapper. Depuis la journée du 6, Tippoo s’était abstenu de rentrer dans son palais. Inquiet et soucieux, il passait la journée au milieu de ses cavaliers, sous une tente ordinaire, et