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à peine de quoi vivre, lui et sa famille. Celui qui tire d’une terre son principal produit, peut être considéré comme en étant le propriétaire de fait. À quoi servirait d’être propriétaire d’un champ dont on ne toucherait rien, ni une gerbe de blé, ni un boisseau de pommes de terre, ni un écu ? Le propriétaire de fait, comme d’ailleurs il l’était de droit, c’était donc le gouvernement, ou bien encore le zemindar qui le représentait. Sous quelques rapports extérieurs, la situation de celui-ci pouvait aussi rappeler (surtout à des esprits préoccupés de la civilisation européenne) le suzerain de la féodalité. Il avait une autorité despotique sur la classe inférieure, il vivait dans une sorte de splendeur ; à sa mort, son fils lui succédait. Vus de ce côté, les zemindars ressemblaient assez à une aristocratie, à un corps de nobles propriétaires du sol, à ce qu’avaient été les conquérants normands, par exemple, après la conquête de Guillaume. Analogie trompeuse, qui recouvrait les plus profondes dissemblances, mais de nature cependant à faire quelque illusion à des yeux, à des esprits anglais.

Lord Cornwallis, en raison de cette analogie menteuse, crut discerner au milieu de tout cela les moyens de fonder un établissement durable. Il résolut de laisser aux zemindars le règlement de l’impôt, chacun dans son district ; de leur affermer les terres dont chacun jouissait pour un terme de dix années, puis de rendre ce bail permanent si cet arrangement recevait l’approbation de la cour des directeurs. D’un autre côté, lord