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trograde, à leur premier symptôme d’hésitation. La citadelle et la ville de Seringapatam, hérissées de canons, les nombreuses redoutes disséminées à l’entour, donnaient à la position du sultan un aspect vraiment grandiose et formidable. Néanmoins, l’étendue même de ces lignes diminuait singulièrement leurs forces. Les lignes trop étendues ne peuvent manquer d’être dangereuses à occuper ; elles laissent à l’ennemi, non seulement un grand nombre de points d’attaque, mais la faculté d’être le plus fort là où il attaquera. Or, cet inconvénient devient plus grave que jamais en face d’un ennemi supérieur en organisation, comme c’était le cas. En se confinant dans l’île même, en se bornant à occuper seulement sa seconde ligne, Tippoo eût agi plus habilement. Un petit nombre de gués, faciles à défendre, traversaient la rivière ; le fort et les batteries de l’île les battaient en plein ; enfin, l’armée mysoréenne se serait trouvée efficacement protégée par le feu de la citadelle.

Les mêmes motifs qui nourrissaient les espérances de Tippoo faisaient à lord Cornwallis une nécessité de l’attaquer le plus promptement possible. Il en prit la détermination. Il hésita quelque temps entre une attaque de jour ou de nuit. Mais, dans le premier cas, la nombreuse artillerie de Tippoo aurait pu produire des résultats désastreux ; lord Cornwallis se décida donc pour une attaque nocturne. Le 6 février, les troupes avaient défilé la parade comme à l’ordinaire à six heures du soir ;