Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 3.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bre de chefs venaient planter leurs drapeaux au milieu des deux armées, dans le but d’encourager les soldats à les suivre. Pendant deux heures et demie ils soutinrent sans s’ébranler un feu très vif d’artillerie et de mousqueterie, et ne se déterminèrent à la retraite qu’en se voyant chargés de tous côtés. Ils laissèrent 2,000 hommes sur le champ de bataille, et parmi ces derniers grand nombre de chefs distingués. Hafez-Rhamet, leur commandant en chef, se fit bravement tuer à la tête des siens, qu’il avait essayé de rallier jusqu’au dernier moment ; un de ses fils fut blessé mortellement, un autre fait prisonnier sur le champ de bataille, un troisième tomba dès le lendemain dans les mains du visir. Le visir avait agi fort différemment : il était demeuré loin du champ de bataille, entouré de sa cavalerie, d’une nombreuse artillerie, et ne s’était montré qu’après avoir appris la défaite et la fuite de l’ennemi ; alors, il est vrai, ses troupes, réparant le temps perdu, se mirent à piller le camp avec une extrême avidité. Fyzoolla-Khan, avec ses trésors et ses femmes, se sauva vers les montagnes, où il emmena les restes de son armée. Le pays tout entier demeura à la disposition des vainqueurs, qui usèrent du terrible droit de conquête avec une férocité inaccoutumée. Le visir s’était promis d’expulser les Rohillas ou de les exterminer ; les villages qui tombèrent dans ses mains furent brûlés, les femmes et les enfants passés au fil de l’épée. Au dire du commandant anglais, les troupes ne