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tionnaire exercé par le créancier sur son débiteur ; enfin, toute contestation qui n’excédait pas 6 roupies dut être jugée par le principal fermier du village où se trouvaient les parties.

Le Bengale était désolé depuis plusieurs années par le crime de décoit : on appelle ainsi des vols faits par des bandes de voleurs qui, par leur nombre et leur audace, surpassent dans l’Inde ce que nous pouvons imaginer en ce genre en Europe. Ces voleurs, appelés aussi Kalla-Bantrous, appartiennent à la tribu des Kouroumarous, et forment une corporation où l’art de voler adroitement se transmet de génération en génération. Dès leur enfance ils apprennent de leurs parents la pratique, et, s’il est permis de le dire, la science du vol ; ils s’exercent à mentir obstinément, à souffrir toutes les tortures plutôt que de trahir un secret qu’ils ont intérêt de tenir caché. Ils se font gloire de leur profession, ils aiment à se vanter de leurs nombreux exploits dans ce genre ; ceux qui ont été blessés dans quelques unes de leurs expéditions, ceux à qui les tribunaux ont fait couper le nez, les oreilles ou le poignet, montrent avec orgueil ces mutilations comme le soldat ses blessures : ils sont choisis de préférence pour chefs de la caste. La nuit, ils entrent sans bruit dans les villages, ils se glissent dans l’ombre, rampant à travers les hautes herbes comme la couleuvre et le serpent ; le village une fois entouré, ils placent des sentinelles aux principales avenues, et font choix des maisons qui