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tution. On redoutait au-dessus de tout l’influence corruptrice que la nomination à ces grands emplois ne pouvait manquer de conférer au ministère. Pitt, alors dans l’opposition, s’écriait : « Le but avoué du bill n’est-il pas de placer le gouvernement tout entier des Indes dans les mains de sept personnes, et de sept personnes à la nomination du ministère ? J’en appelle au bon sens, à la bonne foi des membres de cette chambre : en parlant de la sorte suis-je le moins du monde en dehors de la vérité ? la chose peut-elle être entendue autrement ? peut-elle être différemment interprétée ? Ces sept hommes, à la nomination du ministère, ne seront-ils pas, ne devront-ils, pas être nécessairement ses créatures ? » Tout le monde entendait le bill dans ce sens ; par là, il devenait aussi odieux aux défenseurs de la Constitution qu’à ceux qui ne se préoccupaient que de l’administration des affaires de l’Inde. La situation politique, de Fox ajoutait à tous ces embarras ; si par son entrée au ministère il avait perdu toute popularité, il n’en était pas mieux avec la cour, qui ne pouvait lui pardonner son ancienne opposition. Ainsi le roi lui-même redoutait ce grand pouvoir conféré par le nouveau bill à ses ministres, car il se voyait forcé de le confier, au moins momentanément, à des mains ennemies. Toutes ces considérations contribuèrent à opérer sur l’esprit public un de ces revirements dont l’histoire des gouvernements parlementaires est remplie. La Compagnie des Indes, qui naguère