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caractère de l’homme vraiment supérieur. « Je crains, disait Hastings, qu’il ne soit pas aussi bien compris qu’il devrait l’être, combien la Compagnie s’est trouvée vaciller plusieurs, fois sur les bords de l’abîme, je crains qu’on ne sache pas assez qu’elle n’est suspendue qu’à un fil léger, que le doigt du hasard, le souffle même de l’opinion sont suffisants pour briser ; et si la chute arrive, nul doute qu’elle ne soit aussi rapide que terrible. » Mais nul homme ne possédait autant que Hastings les qualités qui pouvaient empêcher cette grande catastrophe.

Notons encore une circonstance importante dans la situation de Hastings. À certaines époques, les grands événements se précipitent et naissent, pour ainsi dire, d’eux-mêmes ; l’homme d’État, pour y jouer le rôle le plus éclatant, n’a qu’à les suivre, qu’à se laisser porter par eux. Il est, au contraire, des temps où tout n’est qu’indécision, que confusion ; où rien, des hommes ni des choses, n’est encore à sa place définitive, n’a son caractère parfaitement déterminé. Les hommes appelés à la tête des affaires ont besoin d’une élévation d’esprit singulière ; ils doivent joindre la puissance de la réflexion aux facultés natives réclamées par les premières époques ; il leur faut une science singulièrement élevée des hommes, des choses et de l’histoire. Or, c’est dans une époque semblable, au milieu de circonstances de ce genre, que vécut Hastings. Aucun système, aucune idée n’était encore arrêtée ni sur