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yeux du public anglais ; il fut soudainement frappé d’une immense impopularité. Dès lors l’opinion publique se plut à flétrir avec une violence jusque là sans exemple, les actes les plus insignifiants de son administration. Le conseil suprême, la cour des directeurs, les circonstances au milieu desquelles il dut agir, tout cela lui fut également contraire. La majorité du conseil était composée d’hommes ignorant les mœurs, les usages, les langues de l’Inde ; ils n’en étaient que plus obstinés à faire triompher leurs opinions faites et arrêtées en Angleterre, à vouloir à toute force appliquer à l’Inde des idées empruntées aux systèmes politiques ou administratifs de l’Europe. Le pouvoir se trouva dès lors comme brisé dans les mains de Hastings ; il lui fallut le reconquérir et le reconstituer pour ainsi dire chaque jour à force de souplesse d’esprit, d’habileté, de fermeté de caractère. À quatre mille lieues du théâtre des événements, les directeurs n’en voulaient pas moins tout régler, jusque dans les moindres détails, par des instructions générales : chose impossible. Par une sorte de contradiction flagrante, ils interdisaient sévèrement toute guerre à Hastings en même temps qu’ils lui enjoignaient formellement de conserver l’intégrité du territoire de la Compagnie ; or, n’était-il pas de toute évidence qu’en dehors de la nécessité des guerres défensives, qui ne pouvait être contestée, les Anglais, une fois mêlés à la politique intérieure, aux intérêts compliqués des princes du pays, n’étaient plus à