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langage des lois, difficile à entendre pour les Anglais eux-mêmes, était tout-à-fait incompréhensible pour un peuple étranger. L’Indou voyait ainsi toutes ces nouveautés comme un danger mystérieux, terrible, venu tout-à-coup planer sur sa tête.

Les zemindars, car c’était surtout contre eux que se dirigeaient la plus grande partie des procès, étaient enlevés à leurs affaires, à leurs familles. On les amenait à Calcutta quelquefois de 500 milles ; là, il leur fallait donner caution : étrangers qu’ils étaient, la chose était pour eux à peu près impossible ; s’ils ne le pouvaient pas, ils étaient confinés en prison pour tout le temps que durait leur affaire, intervalle toujours de quelques mois, soit par le grand nombre d’affaires qui s’entassaient, soit par les lenteurs naturelles à la procédure anglaise. Sur le serment du premier venu, tout homme était susceptible d’être arrêté, quel que fût son rang ; l’emprisonnement, quand même celui qui l’avait subi était en définitive trouvé innocent, n’en entraînait pas moins pour lui les plus grands malheurs : le désordre se mettait dans ses affaires, et la ruine suivait de près le désordre. En tout temps, c’était chose difficile que de faire payer aux ryots, ou cultivateurs, la rente de leurs terres : il fallait une vigilance de tous les instants et ne se relâchant jamais ; là s’établissait comme une lutte perpétuelle entre le zemindar et le ryot, le zemindar mettant toute sa persévérance, employant tout son crédit sur l’esprit du ryot pour se faire payer,