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dans une extrême détresse : elle n’avait pas reçu de solde depuis une année et plus ; toutefois, le général Matthews refusa positivement de faire servir au paiement des arrérages l’argent dont on venait de s’emparer. Des murmures éclatèrent hautement dans tous les rangs de l’armée ; ils furent sévèrement réprimés. Frappés de la gravité de ces conjonctures, trois des principaux officiers, le colonel Mac’Leod, le colonel Humberstone et le major Shaw, quittèrent l’armée et se rendirent à Bombay, dans le but d’exposer au conseil et au président la situation de l’armée. Le conseil, accueillant ces représentations, destitua le général Matthews, et nomma pour le remplacer le colonel Mac’Leod, qui le suivait immédiatement. Des nombreuses plaintes s’élevèrent à cette époque contre la violence et la rapacité de Matthews ; toutefois, comme il mourut avant d’avoir eu l’occasion d’y répondre, l’histoire ne doit les accueillir qu’avec quelque défiance.

Le colonel Mac’Leod, accompagné du major Shaw et d’Humberstone, se mit aussitôt en route pour aller prendre le commandement qui venait de lui être conféré. Ils s’embarquèrent sur deux sloops ; mais, peu après être sortis du port ils rencontrèrent une flotte mahratte de cinq gros vaisseaux. La nouvelle du traité passé entre le gouvernement de Poonah et les Anglais n’était pas encore arrivée jusqu’au commandant de cette flotte : il voulut s’emparer des deux bâtiments montés par Mac’Leod. Ce dernier aurait peut-être pu, en employant des moyens de