Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 3.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

labar ; il fut pris par un détachement de l’armée de Mysore, et jeté en prison, où il fut retenu et fort maltraité. Un commandement lui fut offert dans l’armée mysoréenne, il rejeta cette offre, et ce refus aggrava les procédés barbares dont il était l’objet : il fut enchaîné à un compagnon d’infortune ; ce dernier mourut, et son cadavre n’en demeura pas moins attaché à Campbell jusqu’à son entière dissolution. Le moment était venu où sa santé, affaiblie par les souffrances, lui faisait entrevoir la mort comme prochaine. Alors l’armée anglaise se présenta devant Bednore, et le gouverneur eut l’idée de se servir de lui pour ouvrir des négociations avec le général Matthews. Il nous a transmis les impressions que lui fit éprouver cette liberté à laquelle il était rendu lorsqu’il n’osait plus y croire : « Je sortis de la citadelle avec trois hommes qui me servaient de guides. La soirée était délicieuse. En me trouvant en plein air, en embrassant de mes regards l’immense étendue du firmament, en parcourant des yeux les beautés prodiguées par la nature dans ces climats, j’éprouvai des sensations trop sublimes, trop ravissantes pour que je puisse les décrire. Mon cœur battait pour la reconnaissance, il s’élevait avec transport vers la source de tout ce qui existe, et je sentais que l’instinct de l’homme le porte à rendre hommage à la Divinité. Une heure d’un bonheur si pur ne me parut point trop achetée par une année de souffrance. L’avenir s’embellissait pour moi ; mon âme semblait aussi avoir