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à se mouvoir dans le labyrinthe de la politique orientale : les peuples furent moins oppressés sous sa domination que sous toute autre, et cependant il sut profiter de toutes leurs ressources ; enfin le grand art de la guerre, qu’il avait appris de lui-même, qu’il avait deviné, pour mieux dire, il le pratiqua avec une merveilleuse sagacité. Peu de généraux ont possédé mieux que Hyder l’art de choisir leur terrain, de dérober à l’ennemi le secret de ses marches, d’être toujours là où il n’était point attendu. S’il fut souvent vaincu, la cause en était à cette puissance de la civilisation qui se trouvait du côté de ses adversaires, et contre laquelle le génie d’un homme est impuissant. Que pourrait tout l’art de César ou de Napoléon contre une forteresse qu’un art tout-puissant mettrait en mouvement sur le champ de bataille ? Eh bien, c’est le cas d’un régiment européen marchant en colonne serrée, son artillerie sur les flancs, au milieu d’une armée de l’Orient : il se forme en carré, se ploie en colonne, se déploie en ligne, avec un ensemble, une unité qui en font un seul être, d’une puissance, d’une nature supérieure à tous ceux qui l’attaquent. À ses pieds viennent également se briser le courage, l’impétuosité des soldats, le génie même du chef ennemi. Plus multipliées, les défaites de Hyder ne prouveraient donc rien contre son habileté ; au contraire, c’est à lui que revient le mérite de ses victoires. Avec de plus fréquents secours de la France, il est probable qu’il eût anéanti dans l’Inde la domination anglaise.