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parences d’une tempête, il mit à la voile, et ne tarda pas à disparaître.

Le lendemain, un spectacle terrible s’offrit aux habitants de Madras. Plusieurs des vaisseaux de l’escadre avaient échoué sur le rivage ; d’autres, ayant rompu leurs câbles, étaient devenus le jouet des vents et des flots ; toutes les barques, dont le nombre ne montait pas à moins de 120, avaient coulé ou s’étaient brisées sur le rivage ; 30,000 sacs de riz, perte irréparable en ce moment, se trouvaient perdus. Long-temps avant ce malheur, la disette de vivres était déjà grande à Madras ; les ravages de Hyder avaient forcé une multitude d’habitants de la campagne à chercher un refuge dans les murs de cette ville. La famine ne tarda pas à éclater avec toutes ses horreurs ; les rues, où errait çà et là une population exténuée de besoin, s’encombraient de morts et de mourants. Bientôt il ne fut plus possible d’enterrer séparément les cadavres : à certaines heures, passaient dans les rues des charrettes où l’on empilait à la hâte ceux du jour ou de la veille, puis on allait les jeter dans de larges fosses à certaine distance de la ville. Alors, en raison du grand nombre des cadavres, de la négligence ou du retard apporté à leur inhumation, l’air se chargea de miasmes et de vapeurs délétères, des maladies pestilentielles éclatèrent : pendant quelques semaines, il mourut jusqu’à deux cents et deux cent cinquante personnes par jour. Lord Macartney lutta avec énergie contre tant de