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tenant au roi d’Angleterre. M. de Suffren ignorait l’accident de la veille ; on prétendit que le pavillon était tombé, parce que les cordages avaient été coupés, mais non amené. Quelques discussions s’ensuivirent. Le point était difficile à éclaircir, car tout cela avait été l’affaire de quelques secondes. L’officier anglais persistait dans son affirmative. M. de Suffren termina en disant gaiement : « Eh bien ! puisque ce vaisseau est à sir Edward, ayez la bonté de le prier de ma part de venir le chercher lui-même. » Henri IV, le héros gai et gascon, n’aurait pas dit autrement.

Suffren à Cuddalore s’occupa avec une activité extrême de mettre sa flotte en état de reprendre la mer. Quelquefois, pour encourager les autres par son exemple ; il travaillait de ses propres mains comme un simple ouvrier. Le bois de charpente était ce qui manquait le plus, ce dont on avait le plus besoin, et on le vit faire lui-même la visite de toutes les maisons, de tous les établissements publics de Cuddalore ; il démolissait une maison pour avoir une poutre qui lui convenait. Un grand nombre de ses officiers lui représentaient le mauvais état de ses vaisseaux, l’insuffisance des approvisionnements, l’impossibilité d’y suppléer dans cette partie de l’Inde ; on le pressait d’aller aux îles de France ou de Bourbon, de se réparer pendant quelque temps dans un bon port : rien de tout cela n’ébranlait Suffren. « Jusqu’à ce que j’en aie conquis un dans l’Inde ; disait-il, je ne veux