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ne voulut point écouter ces réclamations : l’impérieux besoin d’argent lui fermait le cœur à toute générosité, presque à toute justice ; loin de là, une lettre écrite par lui à l’officier chargé de prendre possession du fort contenait des expressions d’où l’on pouvait inférer qu’il regardait le prix de la spoliation de ces femmes comme la légitime récompense du soldat. Il craignait, disait-il, que la princesse ne s’efforçât de frustrer les vainqueurs d’une partie considérable de leur butin, s’il lui était permis de se retirer sans être fouillée (without examination). Par suite d’un arrangement définitivement conclu, la ranna consentit enfin à sortir du fort. Elle s’engageait à livrer l’or, l’argent, les effets précieux qui s’y trouvaient. En revanche, elle demandait la faculté de sortir, elle et toutes les autres femmes de sa famille, sans subir le déshonneur d’aucune sorte de recherches sur leurs personnes ; l’officier commandant le leur accorda. Mais les expressions de la lettre de Hastings que nous venons de rapporter ne tardèrent pas à se répandre dans les rangs de l’armée ; elles excitèrent une grande fermentation. Quand les princesses se présentèrent aux portes du fort avec leurs femmes et leurs enfants, la capitulation fut violée : elles furent dépouillées, et leurs personnes soigneusement visitées. L’officier commandant, qui depuis le commencement jusqu’à la fin n’avait cessé de se montrer disposé en faveur des princesses, ne prit aucune part à ces honteux procédés ; il