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autre ville de l’Inde ; les provinces de Benarès et de Gazepoor mieux cultivées qu’aucune autre de leur voisinage : leur supériorité en ce genre sur celle de Bahar, qui les touchait, était entre autres singulièrement remarquable. Quelques années plus tard, le capitaine Harper disait, devant le parlement : « Qu’il fallait attribuer cette prospérité à l’industrie des habitants, mais surtout à la douceur du gouvernement sous lequel ils vivaient. » La famille du rajah était donc aimée ; d’autre part, les Anglais étaient plus mal vus dans cette partie de l’Inde que partout ailleurs ; enfin, l’emprisonnement est une chose honteuse, déshonorante, presque infamante, dans l’Inde, pour tout homme d’un rang un peu élevé : l’emprisonnement appliqué à un prince était pour lui le comble de l’outrage. En apprenant ce qui se passe, le peuple se porte en foule dans les environs du palais devenu la prison du souverain. Les Anglais se trouvaient dans une complète sécurité, tellement que les deux compagnies de Cipayes préposées à la garde du prince n’avaient pas de munitions. Deux autres compagnies, qui pour cette fois en étaient pourvues, reçoivent l’ordre d’aller renforcer les premières ; mais les avenues qui conduisent au palais sont remplies, obstruées d’une foule qu’elles ne peuvent traverser. Du milieu de cette multitude quelques voix s’élèvent qui demandent la mise en liberté du rajah ; bientôt ce n’est plus qu’un seul cri dans toutes les bouches : Le rajah ! le rajah ! le rajah ! À ce cri se mêlent des