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s’attendaient à un assaut général, et 20,000 combattants se préparaient à défendre la brèche. L’assaut n’eut pas lieu ; les assiégés ne doutèrent pas qu’il ne fût remis au commencement de la nuit : mais au moment de la plus forte chaleur de la journée, pendant qu’ils cherchaient quelque peu de fraîcheur et quelque repos sous le peu d’ombrage qui se trouvait dans l’intérieur de la ville, les Anglais arrivèrent en silence jusqu’au pied du rempart ; aucun bruit n’avait trahi leur marche, et le succès du stratagème fut complet. La place fut emportée ; le rajah et sa famille faits prisonniers. Les assaillants ne perdirent pas un seul homme.

Les Hollandais possédaient dans les États du rajah le port de Nagore et ses dépendances, qu’ils avaient reçus en échange d’argent autrefois prêté par eux au rajah : les Anglais et le nabob, inquiets de ce voisinage, enhardis d’ailleurs par leur récent succès, songèrent à s’emparer de cet établissement. Comme prétexte aux hostilités, le nabob se plaignait d’une somme fournie par les Hollandais au rajah pendant la dernière guerre ; quant aux Anglais, leur grief contre les Hollandais n’était autre que l’achat même de Nagore, que, selon eux, le rajah de Tanjore n’était pas en droit de leur vendre. La présidence disait : « Le rajah tient ses domaines du nabob ; ce serait donc chose en désaccord avec le système féodal régnant dans l’Inde qu’il eût pu en aliéner quelque portion à une puissance étrangère ; sans le consentement de son sei-