Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 3.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

universel, ne pouvait croire à la pauvreté, devenue bien réelle, du nabob ; il ne cessait de lui demander avec les plus vives instances des secours pécuniaires. Le gouvernement du Bengale non seulement semblait l’approuver en cela, mais voulait pousser les choses beaucoup plus loin. Le conseil suprême disait : « Aussi long-temps qu’une partie quelconque des États du nabob se trouve dans les mains d’une puissance étrangère, aussi long-temps que le nabob ne peut chasser par lui-même cette puissance, qu’il ne peut même la combattre qu’avec le secours de la Compagnie, le nabob ne saurait être considéré comme le propriétaire et le souverain du pays. Un concours de circonstances semblables non seulement justifie, mais exige impérieusement l’emploi de tous ses revenus pour défrayer les dépenses de la guerre. » Long-temps le nabob ne répondit aux propositions de lord Macartney qu’en se laissant aller à des plaintes amères, à de violentes récriminations. Un jour, enfin, il s’expliqua plus catégoriquement et répondit : « Les contributions que je dois payer à l’avenir sont spécifiées par un traité que je viens de passer avec le gouvernement du Bengale ; je ne paierai rien de plus, ni sous une autre forme. » L’assertion parut fort étrange, elle n’en était pas moins d’accord avec la vérité. Par l’intermédiaire d’un agent qui avait toute sa confiance, le nabob était entré depuis long-temps en négociation avec le conseil suprême du Bengale, à l’insu de la présidence de